Les séries des networks vont puiser dans la culture musicale de Broadway tout en les réadaptant. Cette pratique semble paradoxale, car les publics ne sont pas les mêmes. Pourtant, cela peut s’expliquer peut-être par un désir de diversifier la cible. Cependant, s’il est vrai que Broadway attire un public différent de celui des séries, cela est moins vrai quand il s’agit des musicals. En effet, on a constaté ces dernières années que le public jeune pouvait être attiré. Pour autant, notons que ces succès sont souvent liés à des œuvres exceptionnelles (Wicked, Hamilton).
Broadway est présent, dans les séries, non seulement par les chansons, mais aussi par les valeurs et les rêves qui imprègnent les personnages. Toutefois, chansons ou personnages sont partiellement réadaptés ou imités. On voit, notamment, Glee transposer la théâtralité grandiose du numéro de Broadway vers plus d’intimité pour les séries TV. De toute manière, l’enjeu est toujours le même avec le filon des musicals. Il s’agit de bâtir des « coalitions d’audiences » pour les fictions télévisées. Glee et Rise visent, notamment, un public jeune et des spectateurs plutôt urbains, progressistes et disposant de hauts revenus. Ceux-ci intéressent, particulièrement, les annonceurs publicitaires.
La question posée par la transposition des formes de Broadway (les show tunes de Shaiman et Wittman, les chorégraphies de certains numéros) est bien celle du public. Smash tente la synthèse entre le public de Broadway et celui plus populaire de la télévision. Pour finir, les séries de coulisses dévoilent plus d’effets spectaculaires que de complexités narratives. Soulignons enfin que les performances-attractions sont conçues en lien avec d’autres médias.